Interview de Jean-Claude Jegou, directeur général d’Afi-Esca : « L'assurance emprunteur est notre atout maître »
Né de la fusion, en 2010, entre le strasbourgeois Esca prévoyance et le lillois Afi Europe, le groupe Afi-Esca souhaite se renforcer dans l'assurance emprunteur, qui représente déjà plus de 30% de son chiffre d'affaires, notamment en se développant sur ce segment à l'international.
PROPOS RECUEILLIS PAR JEAN-PHILIPPE DUBOSC

Ce 22 juin, vous allez prendre possession de votre nouveau siège social à Strasbourg. Pourquoi ce déménagement ?
Le siège historique d'Esca situé au bord de l'Ill, bien que prestigieux, n'était plus adapté à la taille de la nouvelle entité Afi-Esca. L'effectif a grossi, et nous nous apprêtons à procéder à de nouveaux recrutements, notamment d'actuaires et d'informaticiens. En outre, ce déménagement a une portée symbolique : il signe la fusion opérée en 2010 entre Esca prévoyance et Afi Europe qui a donné naissance au groupe Afi-Esca. Je tiens à souligner que l'ancien siège reste la propriété du groupe et que celui d'Afi Europe, à Lille, est conservé. Il reste le centre de gestion des produits de prévoyance (assurance emprunteur, temporaires décès), tandis que Strasbourg traite les contrats obsèques et l'épargne. Enfin, nous avons veillé à ce que le nouveau siège social réponde aux normes bâtiment basse consommation et haute qualité environnementale.
SON PARCOURS
Jean-Claude Jégou, 63 ans, est actuaire, diplômé de l'Institut de science financière et d'assurances.
- 1974 Sous-directeur de Rhin et Moselle vie.
- 1986 Directeur technique de Legal et General France.
- 1989 Directeur vie du Groupe Monceau.
- 1996 Directeur du développement de CGP (Allianz France), puis Arcalis (AGF-Allianz).
- 2001 Directeur général d'Afi Europe.
- 2010 Directeur général d'Afi Europe et d'Esca prévoyance.
- 2011 Directeur général d'Afi-Esca et d'Afi-Esca IARD.
Pourquoi Esca prévoyance et Afi Europe ont-ils fusionné ?
Ce mariage découle en partie des nouvelles règles prudentielles de Solvabilité 2. Très focalisée sur l'assurance vie, Esca prévoyance aurait eu besoin de renforcer sensiblement ses fonds propres. À l'inverse, les activités d'Afi Europe, fortement orientée en prévoyance, sont plutôt favorisées par Solvabilité 2. Fusionner les deux avait donc du sens.
Quelle est la marge de solvabilité du groupe ?
Elle s'élève à 2,5 fois la marge minimum requise sous Solvabilité 1 et d'un niveau très correct sous Solvabilité 2.
Avez-vous passé le QIS 5 ?
Non, mais nous avançons bien dans la mise en place des structures nécessitées par Solvabilité 2 qui, soit dit en passant, a été conçue à partir de critères anglo-saxons, plus adaptés à des grands groupes qu'à des acteurs de taille modeste comme nous. Mais nous nous adaptons.
Quel bilan tirez-vous de la fusion ?
Positif. Le chiffre d'affaires du nouveau groupe a atteint 159 ME en 2011. À fin avril 2012, il progressait de 3,1% grâce aux activités de prévoyance (+ 7%) qui compensent la plus faible croissance en épargne (+ 0,6%). Il n'y a pas eu de réduction d'effectif, hormis des départs à la retraite. Les activités des deux entités étaient très complémentaires, il y a eu peu de doublons. De plus, le fait que les deux entreprises aient le même actionnaire, le groupe familial Burrus (qui contrôle également Diot, La Sécurité nouvelle et la société de gestion Alcis), a indéniablement facilité les choses.
Comment se comporte votre collecte nette en assurance vie ?
À l'image du marché, elle est en baisse. Toutefois, elle reste positive. Nous mettons l'accent sur les unités de compte. Nous avons lancé des UC à base de produits structurés et une UC pierre papier, constituée d'une société civile de placement immobilier (SCPI).
L'assurance vie est-elle en fin de cycle ?
Disons que tout allait bien quand les taux distribués étaient élevés. Aujourd'hui, la baisse des rendements et les contraintes prudentielles imposées par Solvabilité 2 pénalisent ces contrats. En outre, les épargnants ne veulent plus mettre tous leurs oeufs dans le même panier. Ils diversifient leurs placements en investissant, notamment, dans l'immobilier. Le modèle tout-assurance vie investi en fonds euros a vécu. Les assureurs en ont pris conscience. C'est plutôt une bonne chose, car ils s'étaient éloignés des fondamentaux de l'assurance. Ils sont en train d'y revenir. Notre moindre performance en assurance vie ne nous inquiète pas trop, car elle est compensée par le dynamisme de notre portefeuille en prévoyance, qui présente l'avantage de générer du chiffre d'affaires récurrent.
Où en est votre activité assurance emprunteur ?
L'assurance emprunteur est notre atout maître, notre cheval de bataille. Au printemps dernier, nous avons lancé un nouveau tarif unisexe, anticipant la réglementation européenne qui va interdire les différences de tarification entre hommes et femmes. Nous avons également revu nos clauses d'exclusions de certaines pathologies, comme les affections psychiques et dorso-lombaires. Pour autant, nous savons que l'année va être difficile. La baisse actuelle des prêts immobiliers pèse sur le marché. Et même si la loi « Lagarde » a introduit davantage de concurrence, il est compliqué pour un client tout seul d'imposer son choix d'assurance emprunteur à son banquier. C'est d'ailleurs pourquoi nous travaillons avec des courtiers spécialisés en crédit immobilier.
Quels sont vos autres projets ?
Nous allons commercialiser une nouvelle assurance homme clé à la rentrée. Nous venons de lancer un Web-service et une application mobile d'aide à la souscription de notre assurance emprunteur pour nos courtiers partenaires. Nous avons 1 500 courtiers « codés », dont 900 « actifs » qui réalisent 78% de notre chiffre d'affaires. Enfin, nous continuons à nous développer à l'international. Depuis 2009, nous travaillons en Belgique en libre prestation de service. Nous y distribuons une gamme en assurance emprunteur et, bientôt, en obsèques. Avec succès, puisque nous avons enregistré une croissance de 65% en 2011. Par ailleurs, nous ouvrons une succursale à Milan à la fin du mois. Trois personnes y travailleront. L'objectif est de conclure des accords de partenariat avec de grands courtiers italiens, là encore dans l'assurance emprunteur.
N'est-ce pas risqué de s'implanter en Italie qui connaît des difficultés économiques ?
Nous pensons justement que c'est le moment d'y aller en assurance emprunteur, car la réglementation est en train d'évoluer dans le sens d'une ouverture à la concurrence. Nous prévoyons d'atteindre là-bas le seuil de rentabilité d'ici à quatre ans.
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