Interview de Jean Pierre Davant, président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française « Jamais la Fédération n'a été aussi représentative »

À la tête de la FNMF depuis 1992, Jean-Pierre Davant, dont le mandat se termine en fin d'année, revient sur deux décennies d'évolution de la mutualité.
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Interview de Jean Pierre Davant, président de la Fédération Nationale de la Mutualité Française « Jamais la Fédération n'a été aussi représentative »

Quel bilan tirez-vous de l'évolution de la mutualité depuis le début de votre premier mandat ?

En 1992, on dénombrait 5 500 mutuelles. Les seules mutuelles nationales étaient celles de la fonction publique. À côté, il y avait des mutuelles locales et d'entreprises. Aujourd'hui, on compte plusieurs centaines de mutuelles santé. Parmi elles, les cinquante premières représentent environ 80% des adhérents mutualistes. Et les concentrations ne sont pas terminées.

Par ailleurs, quand je suis arrivé, la FNMF était au bord de l'éclatement entre les mutuelles interprofessionnelles et celles de fonctionnaires. La Fédération des mutuelles de France ne faisait plus partie de la FNMF. Depuis, elle y est revenue. Mon action principale a consisté à rassembler le plus de mutuelles possible, à veiller à notre unité et à un partage des responsabilités équitable entre les composantes du mouvement. En groupant 95% des mutuelles santé en France, jamais la FNMF n'a été aussi représentative qu'aujourd'hui.

Si la Mutualité a retrouvé une unité, n'a-t-elle pas perdu le lien de proximité avec ses adhérents ?

Il est certain que ce qui a toujours fait la force des mutuelles par rapport aux grands groupes d'assurances, c'est le fait que l'adhérent a un sentiment d'appartenance à un groupe, à un territoire. Bien que cette relation de proximité soit un peu bousculée, les mutuelles se sont efforcées de rester proches de leurs adhérents en créant, par exemple, des sections locales, en mettant en place des services de soins et d'accompagnement qui permettent de garder un lien humain.

De toute façon, elles ne pouvaient pas rester dans leur mode d'organisation d'il y a 30 ans. Il fallait se grouper pour faire face aux mastodontes de l'assurance commerciale et, aujourd'hui, aux bancassureurs.

Pourtant, selon les statistiques du fonds CMU, qui servent de référence dans le secteur, la part de marché des mutuelles recule par rapport à ceux-ci...

C'est un recul en terme de chiffre d'affaires. Ce n'en est pas un en nombre de personnes protégées. Nous nous interdisons un certain nombre de pratiques qui, à nos yeux, accentuent la dérégulation du système de santé, notamment la prise en charge exagérée de dépassements d'honoraires et de services de « confort », non pris en charge par la Sécurité sociale, qui sont à la limite de la santé. J'observe également que nous sommes les seuls à être vraiment spécialisés dans la santé, et que cette dernière n'est qu'un produit d'appel pour d'autres intervenants. Ainsi, la santé représente 85% de l'activité des mutuelles, alors qu'elle ne représente que 6 % de celle des sociétés d'assurances. Il y a aussi, chez certains opérateurs, une sélection dangereuse des populations, avec des pratiques très contestables à partir des études faites sur les relevés de comptes bancaires.

Mais ce ne sont pas nos concurrents qui m'inquiètent le plus pour le mouvement mutualiste. Ce qui m'inquiète plutôt, c'est notre grande difficulté à mettre en commun nos moyens de gestion. Je n'ai jamais réussi à faire partager ma conviction de la nécessité de bâtir en commun des outils « neutres » d'un point de vue concurrentiel dans les domaines de l'informatique et du tiers payant par exemple, ce qui renforcerait notre position de leader dans la santé. Les entreprises capitalistes le font beaucoup mieux que nous, car elles comprennent que ces outils sont indispensables.

La mutualité attire-t-elle encore, en tant que mouvement au sein duquel des élus, des administrateurs s'engagent ?

Oui. Ces dernières années, nous avons beaucoup oeuvré pour que ce soit le cas. Nous avons mis en place des règles pour éviter le cumul des mandats et pour favoriser le renouvellement de nos élus. Nous avons pris beaucoup d'initiatives pour qu'il y ait plus de femmes en situation de responsabilité dans les bureaux et conseils d'administration des mutuelles, ainsi que pour attirer les jeunes. Quand je suis arrivé ici, il n'y avait aucune femme avec des responsabilités au siège de la FNMF. Ce n'est pas encore parfait, mais aujourd'hui nous sommes à 30% de femmes dans nos instances politiques. Il y a aussi des jeunes. C'est un bilan que je revendique, il a fallu batailler pour aller vers la mixité des responsabilités.

Quel est votre meilleur souvenir ?

J'ai deux souvenirs importants. L'un est la rencontre de Nelson Mandela. François Mitterrand m'avait convié au voyage qu'il avait organisé après l'élection de Mandela. C'était la première visite d'un chef d'État occidental en Afrique du Sud. lors de ce voyage, je me suis retrouvé en tête à tête avec Nelson Mandela et cela a été un moment très fort. L'autre concerne la bataille que nous avons menée, au milieu des années 1990, pour la distribution de la méthadone. Il fallait changer le regard sur la toxicomanie et éviter les échanges de seringues souillées par le sida. Nous avons ouvert les premiers centres de méthadone en France. Cela a été un combat très dur, dont je suis fier. Il a permis à la Mutualité de devenir un mouvement ancré dans son temps.

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