Révolution en Italie : les règles du jeu sont chamboulées

En deux ans, une avalanche de nouvelles réformes s'est abattue sur le marché de l'assurance italien. Cette profonde transformation n'est pas toujours bien perçue...
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Code des assurances, libéralisation, réforme des retraites, directives européennes... : en deux ans, une avalanche de réformes a bouleversé le marché des assurances italien, confronté au même moment à l'application des directives européennes sur les intermédiaires et à la volonté du gouvernement de centre gauche de favoriser la concurrence. Les premiers effets en sont encore difficiles à évaluer, mais ce « big bang » ne manque pas de susciter de nombreuses interrogations.

Le monomandat apportait la sécurité...

« Du point de vue du consommateur, le marché de l'assurance était assez peu réglementé et à la traîne, note Michele Siri, professeur de droit des assurances à l'université de Gênes. Jusqu'en 1995, l'Italie n'était pas un marché, puisque les tarifs étaient décidés par le gouvernement, à travers un comité interministériel. Lorsque ce contrôle est tombé, de 1995 à 2005, les prix ont explosé. Ce n'est que depuis quelques années, avec l'intervention de l'Autorité antitrust, que les choses ont commencé à changer. » Or, 243 compagnies opèrent en Italie, pour un total de primes de 107,3 MdE, dont 64,5 % en vie et 35,5 % en dommages.

Au-delà du code des assurances privées, approuvé en 2005, qui a réuni en un texte unique toute la réglementation du secteur, ce sont surtout les décrets favorisant l'ouverture à la concurrence, adoptés l'an dernier par le gouvernement de Romano Prodi, qui ont secoué le système. À commencer par la généralisation depuis un an de la procédure du constat à l'amiable. Jusque-là très restreinte, car elle n'incluait pas l'indemnisation pour les dommages de personnes et ne pouvait être appliquée qu'avec la signature de toutes les parties, cette « indemnisation directe » s'est taillé un franc succès. « C'est sans doute la nouveauté la plus importante, confirme Massimo Treffiletti, responsable du secteur sinistres à l'Ania (la FFSA italienne). Le système était si rigide qu'il ne permettait jamais de dépasser un certain nombre de sinistres. Il a vraiment décollé. Certes, les compagnies ont dû beaucoup investir en informatique et en gestion, mais les frais d'avocats ont été exclus de la procédure, ce qui a réduit les coûts. » Un deuxième train de mesures favorisant la concurrence entrera en vigueur le 1er janvier. Il suscite beaucoup plus d'appréhension, car il remet en cause le réseau de distribution des agents opérant en monomandat dans la branche de dommages. La loi interdit en effet la clause d'exclusivité qui liait compagnies et agents, permettant à ces derniers de vendre aussi les produits d'autres sociétés.

C'est tout le canal du « monomandat », prédominant en dommages, qui est menacé. Si certains agents se réjouissent de gagner « en autonomie », la plupart des assureurs sont furieux, comme en témoigne le président de l'Ania, Fabio Cerchiai (lire ci-dessus). « Transformer la culture du monomandat en un modèle à plurimandat est très difficile, car ce sont deux mondes différents, renchérit Giovanni Battista Mazzuchelli, administrateur délégué du groupe Cattolica Assicurazioni. Il faut nous laisser le temps de nous adapter à ce changement majeur, qui crée déjà d'énormes problèmes. Nous sommes submergés de demandes d'agents travaillant auparavant pour la concurrence qui veulent connaître nos tarifs ! »

... et aussi la léthargie

Pour éviter l'hémorragie, les compagnies ont trouvé la parade. Plusieurs envisagent d'augmenter les rémunérations de leurs agents généraux. Generali a conclu un accord avec ses propres agences, en prenant à son compte divers coûts supplémentaires dérivant de la nouvelle législation. Autre pierre d'achoppement, toujours en dommages : le client peut désormais résilier chaque année son contrat pluriannuel. « L'Italie était le dernier pays avec l'Autriche à proposer des polices décennales sans possibilité de résiliation, rappelle Filippo Cinelli responsable du réseau courtiers chez Zurich Italie. Cela a freiné l'intervention des courtiers auprès des PME et les compagnies se laissaient bercer par cette stabilité. Le secteur avait vraiment besoin d'une secousse. Et toutes ces nouveautés rendent enfin le marché italien stimulant. »

Si les décrets favorisant la concurrence sont parvenus à bousculer ce monde un peu poussiéreux, il en a été autrement des directives européennes sur les intermédiaires. Certes, l'Italie s'est dotée d'un « registre unique des intermédiaires », mais il reste subdivisé en... cinq catégories distinctes. « Ces distinctions entre les intermédiaires ne vont pas dans le sens de la directive, constate Enrico Bertagna, représentant général du Lloyd's en Italie. C'est le service qui doit faire la différence, et non la loi. Bref, les mentalités n'ont pas changé. »

Continuer la partie

La confusion et l'inquiétude déstabilisent visiblement les opérateurs italiens. « Le problème, c'est que les assureurs n'affrontent pas ces changements avec une vision stratégique à long terme, note Andrea Bellucci, professeur à la faculté d'économie de Pérouse. Ils ont plutôt choisi de réagir de manière contingente. » Pourtant, certains veulent y croire, comme Franco Curioni, président de Reinsurance International Brokers (RIB), qui a organisé un colloque sur tous ces bouleversements. « Ce n'est pas parce que les règles du jeu ont changé qu'il ne faut plus jouer, conclut-il. Il faut arrêter de pleurer sur soi. Cette effervescence du marché nous donne d'incroyables possibilités et de nouvelles opportunités de croissance. »

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