Dépendance : l'aide aux aidants, un enjeu pour la complémentaire santé (étude)

L’épidémie en cours devrait renforcer le souhait des Français de vieillir chez eux. Encore faut-il pouvoir s’appuyer sur les aidants, qui expriment des besoins envers les assureurs, selon l’étude menée pour L’Argus et OpusLine.

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Dépendance : l'aide aux aidants, un enjeu pour la complémentaire santé (étude)

Les Français le répètent sondage après sondage : ils souhaitent à une écrasante majorité vieillir chez eux, entre des murs qui leur sont familiers. Et ce n’est pas la crise sanitaire du Covid-19 et les nombreux décès que l’épidémie occasionne dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) qui devrait les faire changer d’avis. Bien au contraire. Un choix toujours conforté par les pouvoirs publics et soutenu par l’intermédiaire de l’Allocation personnalisée pour l’autonomie (APA) qui permet aux personnes âgées dépendantes de réduire le coût d’accès à différents services à domicile (portage de repas, aide-ménagère…).

Travail informel

Pour autant, le versement de l’APA, dont le montant est fonction du niveau de perte d’autonomie, et les services spécialisés ne suffisent pas. Pas de maintien à domicile possible pour les personnes âgées, sans le soutien apporté par les aidants. Le rapport « Concertation grand âge et autonomie » publié au printemps 2019 évoque « le travail informel des 3,9 millions de proches aidants auprès des personnes âgées, dont la valorisation atteindrait 7 à 18 Md€ ».

Ce rôle majeur des aidants est confirmé par l’étude réalisée sur la dépendance par Infopro Digital Études pour L’Argus de l’assurance et OpusLine. Les Français interrogés classent ainsi « le soutien financier aux aidants » parmi les mesures prioritaires pour améliorer la prise en charge des personnes dépendantes. L’étude confirme aussi la difficulté de cerner cette population : près de 20 % des participants au sondage se considèrent comme aidant d’une personne dépendante de leur entourage, chiffre qui peut paraître un peu élevé. Mais il témoigne de ce que ce concept d’aidant s’ancre bien dans une réalité, qui ne se résume pas à mainte­nir du lien social, même si cette action arrive en tête (59 %).

L’action des aidants est clairement multiforme : elle recouvre aussi bien une assistance au quotidien (49 %) que l’accompagnement à des rendez-vous médicaux (57 %) ou l’aide à des démarches administratives (58 %). Et qui va jusqu’à héberger la personne dépendante à son domicile. Un soutien de proximité géographique qui s’inscrit dans la durée. Plus de la moitié des personnes se considérant comme aidant le sont depuis plus de trois ans. Des chiffres qui confortent la nécessité d’apporter une aide à ses aidants. Sous peine de les voir s’épuiser, voire disparaître prématurément, sachant que le premier aidant d’une personne dépendante est souvent son conjoint.

Audrey Berling associée au sein d’OpusLine
« Renforcer l’usage des services »

“Les organismes complémentaires d’assurance maladi e (Ocam) ont pu être échaudés par le faible usage des services pour les aidants intégrés dans leurs offres. Mais cette question n’en figure pas moins parmi leurs préoccupations actuelles et, point positif, l’étude Argus / OpusLine montre qu’ils sont perçus comme légitimes sur ce terrain. Trois leviers d’action peuvent renforcer leur usage. Les Ocam auraient avantage à se montrer plus proactifs, notamment dans la détection de la situation des aidants (via l’analyse de données notamment). Le développement d’offres par les entreprises ou les branches professionnelles constitue également un levier de développement intéressant, compte tenu de la proportion d’aidants actifs. Enfin, les services eux-mêmes doivent évoluer afin d’apporter des aides plus tangibles et ancrées dans le quotidien des aidants.  ”

L’entreprise à la traîne

De l’argent, du temps et de la santé, voilà le trio de tête des besoins exprimés. Que les aidants requièrent un soutien financier ou davantage de disponibilité n’est pas surprenant dans la mesure où la nécessité de s’occuper d’une personne dépendante les amène à réduire leur activité – et donc leur revenu – ou à maintenir leur travail à temps plein mais à devoir jongler avec les horaires. En revanche, les attentes sur une aide à se maintenir en bonne forme sont moins fortes, même si on peut y voir une demande de répit pour éviter de mettre en danger sa santé.

Et pour satisfaire ces besoins, les aidants comptent principalement sur les assureurs complémentaires santé (52 %), les spécialistes du service à la personne (50 %) et l’État (49 %), les associations étant bien moins fréquemment citées (34 %). Quant à l’entreprise, elle arrive en queue de peloton (10 %). Une position à mettre en lien avec une autre question du sondage qui fait apparaître que les employeurs proposent visiblement bien peu de solutions dans le domaine de l’aide aux aidants. Seuls 19 % des salariés interrogés évoquent une offre en matière d’aménagement du temps. Et les services aux salariés aidants (13 %) sont encore plus rares.

Les complémentaires arrivent en tête des acteurs légitimes dans le domaine de l’aide aux aidants, alors même que les services qu’elles peuvent proposer en la matière souffrent visiblement d’un manque de publicité. Près d’un tiers des personnes interrogées qui se considèrent comme aidant ne savent pas si leur mutuelle possède une offre consacrée aux aidants. Pourtant, ce type de services semble plutôt porteur puisque les deux tiers des personnes dont la complémentaire propose une offre « aide aux aidants » en inclusion ou additionnelle y ont souscrit. Et plus d’un tiers de ces mêmes sondés se disent prêts à consacrer entre 10 et 49 € par mois pour bénéficier de services de sa complémentaire facilitant son rôle d’aidant.

Bref, comme le relève Audrey Berling, associée au sein d’OpusLine, les complémentaires santé ont des actions à mener pour favoriser l’usage des services d’aides aux aidants (lire l’interview ci-dessus). Tout en soulignant par ailleurs que les reports successifs des projets de loi sur la dépendance ne font pas leur affaire : « Les complémentaires ont besoin, pour se positionner sur la dépendance et l’aide aux aidants, d’une clarification entre ce qui relève de la sphère publique et de celle des acteurs privés. Et, plus que le report du projet de loi, l’absence de vision sur les intentions des pouvoirs publics à ce sujet fragilise leurs réflexions et actions. »

Mutuelles mobilisées

En janvier dernier, Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé et des Solidarités, avait assuré qu’un projet de loi dépendance serait déposé au Parlement cet été. Le projet de loi retraite, puis le Covid-19 ont balayé cette nouvelle promesse. Pour leur part, les représentants mutualistes semblent aujourd’hui très perplexes sur la survie de ce texte à l’épidémie (lire dossier pp. 32 à 38 ), mais ils n’en demeurent pas moins convaincus que les mutuelles ont un rôle à jouer dans la prise en charge de la perte d’autonomie. Cette étude ne pourra que les conforter dans l’intérêt d’investir le terrain de l’aide aux aidants.

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