Coronavirus : « Les courtiers ont peur de demain », (Didier Boranian, Planète CSCA)
Didier Boranian vice-président de Planète CSCA, en charge du courtage de proximité, revient sur les principales préoccupations des petits courtiers, touchés de plein fouet par la crise du coronavirus.
CAROLINE DUPUY, À MARSEILLE

Depuis début avril vous êtes à la disposition des courtiers pour échanger sur leurs problématiques spécifiques au courtage de proximité. Qu’est ce qui a motivé ce choix ?
Nous avons souhaité ce lien bien avant la crise sanitaire que nous traversons et qui touche de plein fouet les courtiers de proximité. Planète CSCA représente toutes les sensibilités, toutes les typologies des cabinets de courtage. Pour autant certaines problématiques, sans doute trop spécifiques passaient à travers les mailles du filet. En tant que courtier de proximité, je suis bien placé pour me faire le relais des préoccupations de mes consoeurs et de mes confrères.
Comment le courtage de proximité se porte-il en pleine crise du coronavirus ?
Les courtiers aujourd’hui ont peur de demain. Après une adaptation aux nouvelles conditions de travail, ils sont inquiets, en tant que chefs d’entreprise. L’inquiétude grandit puisque de nombreuses primes d’assurance de clients professionnels sont indexées sur le chiffre d’affaires. Et que certains clients particuliers interprètent à loisirs les discours officiels et arrêtent de payer. Et je passe le fait qu'avec un effet différé certes, la casse industrielle qui est devant nous accentue encore ce phénomène sur le deuxième semestre 2020 voire le début de l’année 2021.
Quels sont les sujets abordés les plus récurrents ?
Les premières questions posées étaient relatives aux reports de charge : comment fait-on pour reporter son loyer ? Est-il possible de décaler ses charges sociales ? Que faire pour limiter les échéances bancaires ? Sur tous ces aspects, Planète CSCA a mis à disposition des notes et des modes d’emploi pratiques, dès publication des textes applicables. De plus en plus, les courtiers et leurs clients se demandent pourquoi décaler des charges, c'est-à-dire devoir les payer plus tard, alors que le chiffre d’affaires servant à les régler risque de ne pas être encaissé. La solution la plus optimale serait plutôt une annulation des charges.
Quid des autres dispositifs lancés par l’Etat ?
Nous faisons partie des professions qui doivent rester ouvertes. Les courtiers ne sont donc pas concernés par le chômage partiel accordé de manière automatique. Il convient de bien argumenter pour en bénéficier. Certaines demandes à la Direccte, sans doute insuffisamment étayées ou argumentées, ont ainsi été retoquées dans les premiers jours. Concernant les congés payés, certains cabinets en ont imposés à leurs salariés. Mais la plupart des courtiers de proximité travaillent “en famille”. Ils savent que les équipes maintiennent le cap, à leur domicile, malgré le confinement. C’est compliqué de leur demander de poser des vacances.
Enfin, le mécanisme de prêt garantie par l’Etat (PGE) suscite de plus en plus l’intérêt des courtiers. Plusieurs d’entre eux ont d’ores et déjà fait une demande sur le site Internet de Bpi France. Nous avons relayé des témoignages de confrères à nos adhérents.
Que pensez vous des aides apportées par les assureurs ?
Nous attendons plus de leur part. Sans pour autant sortir du contrat, pourquoi ne pas proposer, à titre d’exemple, de rembourser une part de cotisation aux professionnels qui ont été obligés de fermer ? Cela s’entend, dans la concertation avec Planète CSCA,dans la mesure ou il ne faudrait pas que ces actions aient pour but d’aider les uns (les industriels et commerçants) pour couler les autres (les courtiers).
Comment jugez-vous les assureurs en termes d’accompagnement ?
Tout d’abord je tiens à préciser qu’au niveau de ma région (Paca, NDLR), les directeurs régionaux, les inspecteurs, les rédacteurs, ceux avec qui nous travaillons quotidiennement, sont bien là. Ils nous font passer des actualités, nous donnent des conseils et n’hésitent pas à prendre de nos nouvelles. Si les assureurs pouvaient parler d’une seule voix, cela simplifierait le quotidien des courtiers. Chaque compagnie fait son annonce avec ses aménagements, ses reports et ses facilités. Une meilleure concertation permettrait plus de fluidité
Que pensez vous des réflexions menées autours de la création d'un régime de type assurantiel destiné à intervenir en cas de catastrophe sanitaire majeure ?
C’est une excellente idée qu’il conviendra d’analyser non seulement au niveau Français, mais également Européen,voire mondial. Planète CSCA a d’ores et déjà constitué un groupe de travail sur le sujet et nous serons force de proposition active auprès des parties prenantes sous l’égide de la DG Trésor. A n’en pas douter,les discussions seront longues et complexes car, sur un sujet ou l’on ne parle plus de mutualisation( base de l’assurance au sens strict) il faudra que chacun joue son rôle : assureurs, Etats, Rurope.
Propos recueillis par Caroline Dupuy
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