Réussir une reprise d'agence en s'appuyant sur l'expérience

La reprise d'une agence occasionne souvent entre 10 et 20% de perte d'activité. A fortiori lorsque l'on en reprend deux. Cette fatalité, Hadrien Bondonneau, agent à Patay (Loiret) et à Orgères-en-Beauce (Eure-et-Loir), n'a pas voulu la connaître. Plus de deux ans après l'installation de ses deux agences Thelem, il revendique même une hausse de l'activité et souhaite partager son expérience, celle d'une bonne transmission des savoirs et des compétences qui lui a valu de recevoir récemment le trophée Trajectoires récompensant les entreprises menant des actions pilotes en faveur du retour et du maintien des seniors dans l'emploi.

Report de départ et retour de retraite

Jeune diplômé d'une école de commerce, Hadrien Bondonneau souhaitait s'installer comme agent général dans la Beauce. Malgré ses compétences commerciales, en management et gestion, il « ne connaissait rien à l'assurance ». Avant de prendre la tête des deux agences Thelem en juin 2008, il convainc son prédécesseur de poursuivre son activité en doublon pendant six mois. « Il m'a tout appris, avoue Hadrien Bondonneau. Les relations avec les clients, la gestion des sinistres en agence, l'animation d'une équipe de trois salariées (deux à Patay, une à Orgères) et d'une entreprise avec 2 M € de cotisations et 2 700 clients. »

La mémoire d'une entreprise, c'est aussi celle de ses salariés. Lors de la reprise, Danielle Malpeyre, une employée de longue date, avait profité de la retraite de l'agent pour partir elle aussi. En 2009, un contrat de professionnalisation s'achève, tandis qu'une autre salariée part en congé maternité. « Quelque peu désemparé », Hadrien Bondonneau décide alors de rappeler Danielle en utilisant le dispositif du « cumul emploi-retraite » (lire l'encadré ci-contre). Cette dernière, âgée de 62 ans, est réembauchée fin 2009 en temps partiel, et sur la base de son ancien salaire. Au-delà de l'aspect social, l'arrivée de Danielle Malpeyre a permis à Hadrien Bondonneau de structurer et de réorganiser son entreprise. L'agent peut se désengager des tâches administratives au profit du commercial, pendant que les collaboratrices bénéficient d'un partage des tâches plus clair. Danielle Malpeyre assure la gestion des sinistres et l'administratif, et les trois autres salariées ont renforcé leurs compétences avec au moins un jour de prospection commerciale par semaine.

Des délais de réponse divisés par deux

Ce renfort a déjà porté ses fruits, notamment en réactivité. « Auparavant, il fallait trente jours pour gérer les sinistres et répondre aux clients. Nous avons divisé ce délai par deux », se réjouit Hadrien Bondonneau. L'agent a aussi mesuré l'impact économique de cette organisation, avec des hausses d'activité ces trois dernières années. « J'ai signé une cinquantaine de contrats ces six derniers mois », se félicite-t-il. Sans oublier « une meilleure cohésion de l'équipe, une complémentarité des tâches et des compétences ». Dans un environnement rural parfois difficile, avec une population peu importante (10 000 habitants répartis sur deux cantons), le renfort d'anciennes compétences peut être un « sésame pour de jeunes agents » et le maintien d'agences.