Eric Chenut (MGEN) : Militant à toute épreuve

Non-voyant depuis ses 23 ans, Éric Chenut multiplie dans son parcours les engagements dans le monde mutualiste, politique et associatif.
La première chose qui frappe lorsque l’on rentre dans le bureau d’Éric Chenut, c’est le panorama. Du 12e étage du siège de la Mutuelle générale de l’éducation nationale (MGEN), son espace de travail offre une vue imprenable sur Paris. « Il paraît que c’est joli », rétorque, non sans malice, le vice-président de la MGEN.
Atteint d’un glaucome congénital bilatéral, Éric Chenut est non-voyant. « J’ai perdu mon œil gauche à l’âge de 5 ans, et le droit s’est progressivement délité jusqu’à mes 23 ans, où suite à une énième opération, je suis devenu aveugle », précise le dirigeant de l’activité santé, sanitaire et sociale de la deuxième mutuelle de France.
Être sans concession
Nous sommes alors en 1996. Étudiant en fac de droit, Éric Chenut n’a jamais pris de cours de braille. Il ne s’est pas renseigné davantage sur les stratégies palliatives à la déficience visuelle. Et n’est pas encore équipé d’un ordinateur à synthèse vocale. « Ça a été compliqué au début, mais très rapidement, j’ai décidé que je ne renoncerais à rien. Ni à mon autonomie, ni à mon militantisme. »
Car pour trouver trace de ses premiers engagements mutualistes, il faut remonter à plus de vingt ans. Tout débute lors d’une manifestation de lutte contre le Sida. Éric Chenut rencontre alors des militants de la Mutuelle nationale des étudiants de France (MNEF), et découvre par la même occasion, « cette forme de militantisme qui permet de mettre en œuvre rapidement des actions concrètes. » En 1994, il est élu au comité de section de la MNEF. S’en suivront différentes nominations dans le mutualisme étudiant, jusqu’à celui de président fondateur de la Mutuelle des Étudiants (LMDE) qu’il dirigera jusqu’en juin?2001.
« Mon parcours de militant s’est toujours construit au travers de rencontres d’hommes et de femmes », observe-t-il avec le recul. À l’écouter, deux personnes ont particulièrement compté : Jean-Michel Laxalt (ex-président de la MGEN) et Roland Berthilier (alors secrétaire général adjoint de la MGEN). Deux dirigeants « qui ont décidé de [lui] faire confiance par la suite ».
Éric Chenut rentre à la MGEN en tant qu’administrateur national en 2003. En 14 ans, il gravit tous les échelons jusqu’à devenir vice-président. « Capable d’animer des réunions de plusieurs heures sans aucune note », selon un de ses collaborateurs, il travaille, entre autres, sur les éléments prospectifs autour de l’e-santé et de l’utilisation des données.
Aujourd’hui, même s’il essaie toujours d’aller au cinéma et au théâtre, ce féru de culture confesse « consacrer 90 % de son temps aux questions mutualistes ». De fait, élu conseiller municipal PS à Nancy en 2008, il a préféré, pour l’instant, mettre de côté son activité politique, sans toutefois renoncer à tous ses engagements.
Savoir oser
Militant de longue date des droits des personnes LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres), Éric Chenut entend se replonger de manière active dans le débat : « Après le Pacs, on a eu l’impression que tout avait été acquis. Or, il reste encore beaucoup de sujets à sécuriser. Pour les personnes transsexuelles, par exemple, la prévention n’est aujourd’hui pas assez prise en compte », s’alarme-t-il. En revanche, hors de question de devenir le porte-drapeau des personnes en situation de handicap. « J’ai toujours veillé à ne pas être un quota. Je veux être là où je suis pour mes compétences et non pour autre chose .» Et s’il devait tout de même leur donner un conseil ? « Il faut savoir oser et ne pas se mettre de barrière », répond-il, du tac au tac.
En quittant Éric Chenut, une dernière chose nous frappe. Au-dessus de son bureau est accrochée la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Dont le premier article proclame : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits ».
son PARCOURS
? Son âge
44 ans
? Sa formation
DEA de droit
? Sa fonction
Vice-président de la MGEN, en charge des questions de santé, sanitaires et sociales
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