Evelyne Boyer (Aon Risk Solutions) : plein feu sur les sinistres
Cette femme à la curiosité aiguisée n’a eu de cesse de valoriser l’activité d’indemnisation.

Lorsqu’on lui demande ce qu’elle changerait si elle devait recommencer sa carrière aujourd’hui, évelyne Boyer parle d’exigence, d’une plus grande confiance dans ses compétences, puis très vite elle aborde la question du « plafond de verre ». « Je ne suis pas féministe dans l’âme, mais mon parcours m’a fait prendre conscience de la nécessité de se battre pour que mes jeunes collaboratrices puissent évoluer plus vite que moi. » Celle qui fut la première femme à entrer au comité exécutif de l’assureur AIG en 2005 et qui siège aujourd’hui au comité de direction d’Aon Risk Solutions explique que sa plus grande fierté est de voir ses anciennes collaboratrices, à peine quadragénaires, à des postes de responsabilité. « Les mesures sur la parité au sein des grands groupes ont été des étapes imposées. C’est regrettable d’avoir dû en passer par la contrainte… mais cela a fonctionné ! » évelyne Boyer parle avec ferveur de sa fierté d’avoir su sortir la gestion de sinistres des bas-fonds de l’assurance. Cette femme engagée défend un métier longtemps mal aimé.
SON PARCOURS
- Son âge : 56 ans
- Sa formation : Maîtrise de droit et diplôme de l’ENASS et du CELSA
- Ses fonctions : Directrice des sinistres et membre du comité de direction d’Aon Risk Solutions
Arrivée dans le courtage au hasard d’un remplacement, elle découvre la gestion de sinistres. « L’un des premiers dossiers, que j’ai traité, concernait une explosion de gaz dans un immeuble avec des victimes corporelles graves. Une mission à la fois très technique, avec des procédures aussi bien au civil qu’au pénal. L’affaire était très exposée. J’ai eu des victimes au téléphone et, tout en faisant preuve d’empathie, j’ai dû prendre un certain recul. Il m’a parfois fallu leur expliquer qu’elles ne seraient pas indemnisées tout de suite. Ce fut un dossier compliqué, mais une entrée en matière très formatrice. »
Questions multiples
à l’époque, évelyne Boyer se fait remarquer par ses sempiternelles interrogations. « J’avais l’impression d’être très embêtante car je posais des questions tout le temps. Mais aujourd’hui, je repère justement les collaborateurs les plus prometteurs par leur curiosité. C’est en posant des questions qu’on progresse. Et aussi en voyant un problème comme une situation sur laquelle on peut travailler et non comme quelque chose de bloquant. Il faut confronter les points de vue et tout remettre en question. Même une position juridique n’est pas unique et uniforme. » Elle se passionne rapidement pour ce métier, qu’elle envisage comme une succession de cas pratiques à résoudre, et ne cherchera plus à bifurquer vers d’autres secteurs de l’assurance.
Décomplexer la profession
Un choix de carrière pas si évident à l’aube des années 80. « Les gestionnaires de sinistres ne se sentaient pas valorisés car ils étaient toujours en back-office et étaient complexés par leur fonction qui n’entraîne que des coûts supplémentaires. » Elle se souvient encore avoir entendu dire que même en payant mal un sinistre, on ne perdait pas de client...
L’évolution économique permettra toutefois de prendre conscience qu’une bonne indemnisation est bel et bien un élément différenciant sinon hautement fidélisant dans la relation client. Les gestionnaires de sinistres finiront même par être conviés aux « cocktails » ! L’une de ces premières réunions a ainsi été organisée par le club des managers de sinistres, Claims advisory board, créé par ses soins lorsqu’elle était chez AIG. Aujourd’hui, la directrice des sinistres d’Aon compte plus que jamais sur les nouvelles générations pour valoriser cette profession. Son premier souci, avant d’accepter ce portrait, fut ainsi de se demander si un étudiant pourrait se laisser convaincre par son parcours de passionnée. Convaincant, non ?
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