Expert en automobile : revivre l'instant du choc (Portrait métier)
Assurance de dommages aux biens Portrait

Les assureurs font appel à lui pour élucider les circonstances et les causes d’accidents de la circulation. De ses conclusions peut dépendre l’issue d’un dossier d’indemnisation.
Un motard décède après avoir percuté violemment une voiture sortant d’un parking. Le stop a-t-il été respecté ? La visibilité était-elle bonne ? à quelle vitesse roulait la moto ? A-t-elle dévié de sa trajectoire ? Les raisons du drame restent inconnues. C’est là que débute la mission d’Arnaud Laguitton, expert en automobile, spécialisé en accidentologie.
Reconstituer l’accident
« J’interviens à la demande des assureurs lorsque les circonstances d’un accident de la route ne sont pas claires et que les responsabilités n’ont pu être identifiées alors que ces éléments sont déterminants dans l’issue d’un dossier, pour aider le gestionnaire à apprécier et appliquer les fondements de la loi « Badinter » de 1985. » Il arrive aussi que les forces de l’ordre ou les tribunaux fassent appel à ses services. « Mon rôle consiste à remonter le temps, à reconstituer ce qui s’est passé et à identifier les causes de l’accident », précise-t-il. Pour mener à bien sa mission, il dispose de plans et rapports réalisés par les forces de l’ordre et des éléments qu’il aura recueillis sur les véhicules endommagés et les lieux de l’accident, ce qui suffira parfois à comprendre ce qui s’est produit. Sinon, pour pousser son analyse plus loin, l’expert utilise un logiciel de calcul et un logiciel de simulation, qui lui permettront, à partir de multiples données (positions des véhicules impliqués, déformations constatées, traces de freinage et de chocs sur la route, etc.) de déterminer la trajectoire et la vitesse des engins. Discipline très technique et peu répandue, l’accidentologie fait appel à des outils informatiques puissants, mais nécessite surtout, outre des compétences en expertise automobile, de bonnes connaissances en physique et en cinématique. Arnaud Laguitton les a acquises à l’université avant de devenir expert en automobile. Pour ceux qui exercent déjà cette profession, les stages de l’Alliance nationale des experts en automobile (Anéa) permettent de s’initier à cette spécialité.
Arnaud Laguitton qui, en tant que président de la commission accidentologie de l’Anéa, se tient informé des recherches contribuant à faire évoluer son métier, apprécie la diversité de ses missions. « Chaque dossier est particulier, certains s’avèrent très délicats et très techniques alors que d’autres nécessitent juste d’avoir un regard neuf et objectif. » Des cas non résolus ? « Il y en a. Il faut rester humble et savoir accepter de ne pouvoir tout expliquer. »
Arnaud Laguitton est aussi confronté à la fraude. Exemple : cet assuré prétendant qu’un tiers était au volant et qu’il était, lui, passager. « L’analyse de la ceinture et des organes de sécurité passive a permis de démontrer qu’il n’était pas assis côté passager, mais qu’il était bien le conducteur et le seul occupant. Dans le cas inverse, il aurait été grièvement blessé. »
Le plus souvent, son travail servira à déterminer les responsabilités, un point essentiel pour les assureurs, mais aussi pour les proches des victimes. « C’est important pour eux, même si la vérité n’est pas toujours facile à entendre. ».
Métier
- Ses missions
Reconstituer le déroulement d’un accident de la circulation pour en établir les causes, à partir de procès-verbaux, relevés effectués sur le terrain, examens des dommages, et à l’aide de logiciels de calcul et de simulation.
- Son profil
Expert en automobile diplômé d’état, il dispose également de connaissances pointues en cinématique.
3 jours
La durée du cursus en accidentologie organisé en deux modules par Ifor2A, centre de formation de l’Alliance nationale des experts en automobile (Anéa).
Commentaires
Expert en automobile : revivre l'instant du choc (Portrait métier)