Philippe Gourdelier, co-fondateur de Patrimea : les pieds sur terre
Après avoir jonglé avec les milliards sur les marchés financiers, Philippe Gourdelier a changé d'échelle avec la gestion de patrimoine.
CAROLE MOLÉ-GENLIS
Certes Philippe Gourdelier est un « matheux », comme en attestent ses diplômes, mais rien ne prédestinait le cofondateur du site Patrimea, société de conseil en gestion de patrimoine, à intégrer le monde de la finance. C'est l'introduction en Bourse de France Télécom en 1997, très médiatisée, qui a été le déclic. Encore étudiant, il investit dans quelques actions de l'opérateur téléphonique. Depuis, le virus de la finance ne l'a plus quitté, et après son diplôme d'ingénieur et son master of science in construction management à Birmingham, il parvient à s'inscrire dans le réputé master spécialisé de finance internationale d'HEC.
Banque d'idées
S'enchaîne alors une belle carrière dans la finance. Même si, en 2001, après l'éclatement de la bulle Internet, les postes sont un peu plus rares, ce type de profil reste à l'abri. Après un stage chez Rothschild, en equity capital market, il entre en 2002 chez Ixis, la salle de marché de la Caisse des dépôts. Quelques mois plus tard, UBS lui propose de suivre le graduate program, qui, en un an, permet aux jeunes diplômés « à haut potentiel » de faire le tour de tous les métiers de la banque privée suisse. Il travaille alors dans le service gestion d'actifs à Genève, Paris et Londres. En 2006, il arrive chez ABN Amro (devenue RBS), où il fait du corporate broking, un métier très spécialisé et plutôt rare en France. Et puis, changement de cap : l'occasion se présente de monter fin 2009 Patrimea avec un ancien condisciple d'HEC, Nicolas Sost.
SON PARCOURS
- 2000 Diplôme d'ingénieur (ESTP Paris) et master of science (Birmingham, Angleterre)
- 2001 Master de finance internationale (HEC)
- 2002 Banque UBS
- 2006 Corporate broker chez ABN Amro
- 2010 Création du site de gestion de patrimoine patrimea.com
Il aurait pu continuer sa carrière chez RBS, dans une autre banque ou une autre salle des marchés. Mais à 34 ans, il a envie de passer à autre chose. L'idée de monter sa propre société l'a toujours animé : un site de cours de maths en ligne quand il était étudiant, une centrale solaire à l'heure où les tarifs de rachat d'électricité étaient élevés, une entreprise de recyclage avant même la création des primes éco-énergie... : les idées fusent, mais c'est la gestion de patrimoine en ligne qui lui fait tourner la page.
En quatre ans d'existence, le site Patrimea, qui s'adresse aux expatriés et aux particuliers, a séduit quelque mille clients et les plus grands noms de l'assurance vie (Apicil, Oradea Vie, Spirica, Suravenir), dont il n'est pas seulement distributeur, mais pour lesquels il crée également des contrats originaux (Patrimea Premium, Patrimea Perp). À l'heure où l'installation des jeunes conseils en gestion de patrimoine indépendants est semée d'embûches, la performance est réelle. « Le marché de la gestion de patrimoine est assez vieillissant. Il y a des choses à faire pour le renouveler », dit-il.
Le soin de faire simple
Si tout semble d'une simplicité déconcertante, on devine la montagne de travail à abattre pour en arriver là. « Nous sommes partis d'une page blanche », poursuit-il. Par exemple, alors que certains sites sont lancés avec une quinzaine de pages, Patrimea n'est mis en ligne qu'après six mois de construction... et plus de 260 pages ! Résultat : le référencement est tout de suite là et les clients affluent. Philippe Gourdelier a un credo : « Nous ne distribuons que des produits dans lesquels nous pourrions investir à titre personnel et qui sont simples, faciles à expliquer. » Et conviviaux aussi, car, outre l'assurance vie, Philippe Gourdelier est devenu, avec son site, l'un des spécialistes des groupements fonciers viticoles et forestiers en France. Une façon pour ce père de deux jeunes enfants d'avoir les « pieds sur terre » confie-t-il... Il vit aujourd'hui à mille lieues des milliards des salles de marché.
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