Romain Liberge (CDO de la Maif) : Hacker ouvert
Tout à la fois geek et gamer, ce spécialiste du numérique défend une vision moins technologique du digital, à la frontière entre le politique et le culturel.

Ni chemise à carreaux et nœud papillon coloré, ni coupe de cheveux à l’impression rétro-décalée, point non plus de lunettes à montures épaisses qui donnent un air faussement geek… à première vue, Romain Liberge n’a rien du parfait hispter sociopathe ou du yuccie (young urban créatives), nouvelle incarnation du snobisme urbain à l’occidental. Geek et gamer, ce trentenaire qui en arbore les attributs – iMac, iPhone et iWatch – revendique ces deux termes, les fondements, selon lui, de la culture du Web : « Je n’ai pas de problème avec cela. Ma génération est celle des jeux-vidéo – Blizzard, World of Warcraft, Call of duty… –. Cela a d’ailleurs facilité mes relations avec les développeurs Web ». (rires)
SON PARCOURS
- Son âge : 32 ans
- Sa formation : Diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris
- Sa fonction : Chief digital officer (CDO) de la Maif
Du digital justement, Romain Liberge en a conçu sa propre philosophie, bien loin des images d’épinal tenaces. Il en récuse sa réduction à la seule acceptation technologique. « C’est d’abord une rencontre inédite entre les labos de l’armée américaine, des universitaires californiens et des membres des communautés hippies. Cela donne une technologie, des usages et une culture remarquables, chaque dimension ayant toute son importance », explique-t-il. Plus qu’un outil, un projet politique en somme. Une puissance qu’il a d’ailleurs pu apprécier avec la victoire du « Non », lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en mai 2005. Une époque pas si lointaine « où l’on parlait encore d’Internet comme d’une autoroute de l’information », se souvient cet ancien collaborateur parlementaire à Bruxelles. Lors de ce vote, une opinion sur le Web se cristallise, différente de celle véhiculée par les médias traditionnels. « Politiques et médias n’ont pas été capables de sonder la blogosphère, espace libre de la contre-argumentation, qui anticipait une victoire du non. » Et d’ajouter : « C’est à ce moment précis que je comprends qu’Internet est porteur d’un potentiel de changement pour le citoyen, la République, les associations et l’entreprise. »
Politique digitale
C’est fort de cette nouvelle conviction que ce diplômé de l’IEP Paris décide d’abandonner les affaires européennes – mais pas la fibre politique ! – pour rejoindre une agence digitale : la Netscouade, restée célèbre pour avoir orchestré la campagne Web participative de la candidate à la présidentielle en 2007, Ségolène Royal. C’est le temps des grandes plateformes sociales avec Facebook et Twitter. « La campagne d’Obama en 2008 est l’acte fondateur qui m’a fait rejoindre cette agence. Une campagne politique n’avait jamais autant activé les capacités des internautes. Ce que l’on appelle l’empowerment, dans la tradition sociologique de l’école de Chicago. » Il y découvre de nouveaux langages – l’html, le php, le css –, acculture les grands comptes publics (Sénat, ministère de l’écologie…) et privés (Renault, Danone…) aux médias sociaux et se frotte alors à l’assurance. « Ce n’est pas l’industrie la plus sexy », concède-t-il et en, même temps, « c’est un métier qui repose fondamentalement sur la donnée, son matériau mais qui n’a pas toujours conscience de son potentiel technologique ». à la Maif depuis janvier dernier, Romain Liberge agit en transverse de toutes les directions. Avec une ambition : améliorer l’expérience de l’utilisateur en embarquant toutes les strates de la mutuelle des instituteurs. Son poste, il l’imagine « à durée déterminée », le temps que les organisations mûrissent sur le digital. Et après ? Celui qui se définit comme un hacker bienveillant – « ce n’est pas un gros mot pour moi » - se rêve en start-uper. « Pourquoi pas, peut-être dans 5 ans. On peut aussi bien entreprendre comme intraprendre (ndlr, porter des projets au sein d’une entreprise). »
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