Protection juridique : les professionnels font de la résistance
Avec seulement 20 % des pros équipés d’un contrat PJ, on pourrait croire que les assureurs ont devant eux un boulevard qu’il leur suffit d’emprunter. Les choses ne sont pas si simples...

« Si les professionnels sont moins équipés en PJ que les particuliers, c’est que d’un côté ils estiment pouvoir autofinancer leurs litiges et que de l’autre les assureurs ont développé plus tardivement des garanties et services adaptés aux différents segments de ce marché », estime Laurent des Brest, président de la compagnie CFDP Assurances. Ils sont, de fait, peu enclins à verser une prime pour une assurance somme toute non obligatoire, pouvant varier entre 150 € et 600 € à l’année en fonction du chiffre d’affaires, de l’activité et du nombre de salariés. « La crise de 2008 ne nous a pas aidés à développer cette garantie auprès des TPE-PME, déjà touchées financièrement », reconnaît Nicolas Vié, directeur général de Groupama PJ, tandis que Laurent des Brest rappelle que le groupement des sociétés de protection juridique (dont il est président) a participé en 2010 à une grande campagne de communication sur le rôle des assureurs PJ dans l’accès au droit, en partenariat avec la FFSA-Gema (aujourd’hui FFA) et la chancellerie. Car si les grands groupes et certaines ETI possèdent des services juridiques internes, ce n’est pas le cas des plus petites entreprises, mal informées et qui se retrouvent souvent seules face à des situations juridiques complexes, appelées à se multiplier du fait des nouvelles technologies, de l’ouverture des marchés et du poids des réglementations.
Les assureurs se rapprochent des legal-tech
Apparues récemment dans l’univers juridique, les legal-tech intéressent les assureurs grâce à leurs algorithmes. Certaines d’entre elles proposent en effet des outils de justice prédictive, qui permettent de s’appuyer sur les décisions rendues pour faciliter le travail des juristes, estimer le montant de l’indemnisation ou le taux de succès d’une action en justice... Certains assureurs PJ nouent ainsi des partenariats comme Allianz PJ, qui a déployé l’outil d’aide à la décision de la start-up Predictis, après une phase pilote auprès de ses juristes. Ces legal-tech constituent pour les assureurs un échelon intermédiaire entre la négociation à l’amiable et la procédure judiciaire, avec une touche de modernité. « Notre solution entièrement dématérialisée a déjà séduit plusieurs assureurs PJ qui l’utilisent pour leurs clients, principalement professionnels, quand la négociation à l’amiable se présente mal et qu’ils veulent bénéficier d’une sentence exécutoire », confirme Anne-Sophie Reynaud, directrice du développement d’eJust, pionnier sur ce segment.
Peu informés et démunis
Parmi les assureurs présents, citons le leader et pionnier DAS (groupe Covéa), CFDP, Aviva, April… Comme sur le marché des particuliers, la plupart des acteurs ont commencé à vendre leurs garanties PJ en inclusion des contrats multirisques professionnels avant de concevoir un produit spécifique. Aviva réalise encore 72 % de son chiffre d’affaires avec des garanties PJ adossées à un contrat principal. « Selon les besoins du client, quand le produit en inclusion n’est pas suffisant, nous lui proposons une offre adaptée avec un produit spécifique », précise Laure Gaffinel-Léger, responsable de la prestation protection juridique d'Aviva France, dont les équipes traitent 30 000 litiges par an.
Les prestations PJ pour les professionnels sont les mêmes que pour les particuliers (infos juridiques, accompagnement dans la négociation amiable et prise en charge des frais éventuels de justice), mais la nature des litiges à accompagner diffère : problème contractuel avec un fournisseur ou un client, litiges aux prud’hommes avec un salarié, problème d’e-réputation sur les réseaux sociaux, problème de bail… Et les récentes attaques cyber sur des PME allongent la liste. Aux assureurs de savoir lever les freins pour mieux les équiper !
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