Risques émergents : la France doit innover pour se démarquer sur le marché des éoliennes en mer
Produits & services énergies renouvelables

Les éoliennes en mer posent un défi de taille au marché français de l’assurance qui doit proposer des solutions innovantes. Les offres attendues doivent couvrir les chantiers afin de rivaliser avec une concurrence britannique, allemande et nordique très en pointe.
Ils assurent sur ce marché ! (Liste non exhaustive)
- Codan Marine, filiale de RSA.
- GCube, spécialiste des énergies renouvelables au sens large.
- AxaCS.
- AGCS.
- Swiss Re.
- Scor.
Ils mènent les projets français en cours
- EDF / Alstom / Dong Energy Power (trois projets) ;
- Ibedrola / Areva / Eole-res (un projet) ;
- Engie (ex GDF-Suez) / Areva (deux projets).
Une différenciation indispensable
Actuellement, les capacités hexagonales pour ce marché sont estimées entre 200 et 300 M€ sachant que les projets de champs éoliens français ont une valeur de plus de 2 Md€. « Dès lors, l’ouverture au marché international est nécessaire », pose d’emblée Sylvain Gauden, responsable des projets d’énergie offshore chez Scor. Mais les acteurs français du courtage sont bien décidés à adapter les garanties proposées, pour plus de personnalisation, et à ouvrir le marché à de nouveaux porteurs de risques. « Ce serait dommage de laisser ce marché commencer à ronronner avec un petit cercle de courtiers, principalement venus du marché de Londres, un relativement petit cercle d’assureurs apériteurs, et finalement des solutions ainsi que des tarifications assez standardisées », remarque François Renelier, qui cherche à développer l’émulation entre les différentes compagnies. Il encourage les logiques de coassurance, même sur des projets modestes, pour que de nouveaux acteurs « s’initient aux analyses de risques et aux formulations de garanties ». Quels risques ? Les projets en éolien offshore englobent des risques de construction (avec un chantier à la fois à terre et en mer) et de démonstration. Pour les projets français, en majorité financés par les banques, les assureurs sont très attendus sur les garanties pertes d’exploitation. Mais le marché doit aussi innover pour appréhender des problématiques spécifiques de cumul : en cas de sinistre sériel, lorsqu’un même équipement est installé sur des dizaines d’unités, ou si un dommage survient sur une plateforme de conversion, nœud stratégique pour plusieurs champs d’éoliennes.
Le législateur appelé à la rescousse
Enfin, le marché français se heurte à des défis réglementaires. Par exemple, les éoliennes offshore sont-elles soumises à l’obligation d’assurance décennale ? La commission, mise en place au sein de la FFSA, pencherait pour l’exemption. « La FFSA œuvre pour fixer un cadre réglementaire permettant de préserver l’équilibre entre l’étendue des couvertures d’assurance demandées et la capacité des marchés à y répondre », commente Sylvain Gauden chez Scor. D’autre part, les énergies marines renouvelables sont-elles soumises aux obligations légales en matière d’assurance au titre des catastrophes naturelles et du terrorisme ? La proposition de loi sur l’économie bleue du député socialiste Arnaud Leroy (ndlr : qui sera étudiée en procédure accélérée devant le Parlement) propose d’affranchir les installations d’énergies marines renouvelables de ces obligations. Cette loi permettrait aussi de clarifier la situation de ces projets qui ne sont « ni tout à fait maritimes, ni tout à fait terrestres », remarque Jean-Marie Grosset, souscripteur risques techniques chez AGCS (Allianz Global Corporate & Specialty). En effet, le flou règne encore sur les branches auxquelles rattacher ces projets innovants. « Les énergies marines renouvelables sont au croisement des expertises », rappelle Matthieu Caillat, chargé du développement des activités de souscription chez Axa CS. Si traditionnellement, les acteurs nordiques et britanniques ont sollicité leur branche marine & cargo, plusieurs assureurs choisissent maintenant de les rattacher à l’énergie ou aux risques techniques. AGCS considère ainsi que le risque le plus important des éoliennes offshore est lié à la technologie et que les problématiques maritimes viennent s’ajouter en complément. De réflexion en réflexion, le marché de l’assurance des énergies marines renouvelables est donc, lui aussi, en phase de construction et de démonstration.
« Un retour d’expérience de plus de 10 ans » :Antoine Decout, responsable des filières énergies renouvelables en mer et hydroélectricité au syndicat des énergies renouvelables
« L’éolien en mer a dépassé la barre symbolique des 10 000 MW (mégawatt) installés en Europe. Nous avons désormais un retour d’expérience de plus de dix ans sur des éoliennes offshore en service. Les premiers projets d’éoliennes offshore, dans les années 90, étaient basés sur la technologie des éoliennes terrestres, donc la filière a connu des problèmes de corrosion et de résistance aux conditions de mer agitée. Ces expérimentations sont désormais derrière nous. Depuis plus de dix ans, les éoliennes offshore sont spécialement conçues pour les conditions maritimes avec beaucoup moins de rupture d’exploitation. »
Les énergies renouvelables en mer, c’est...
- L’éolien en mer ou l’énergie du vent : avec la technique des éoliennes posées qui est la plus mature, mais des projets portent également sur les éoliennes flottantes.
- L’hydrolien ou l’énergie des courants : la première ferme d’hydroliennes a été installée au large de la Bretagne par EDF et DCNS. Ce sont des projets de plus petite envergure que les champs d’éoliennes.
- Les ETM ou l’énergie thermique des mers : technique testée dans les DOM-TOM (Réunion, Martinique, etc.).
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