Allianz plie, mais ne rompt pas
MARIE LUGINSLAND, EN ALLEMAGNE
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MARIE LUGINSLAND, EN ALLEMAGNE
C'était il y a juste un an. Déguisés en Père Noël, les salariés d'Allianz défilaient dans les rues de Hambourg pour protester contre la restructuration de leur groupe en Allemagne (création de quatre sociétés et d'une holding, suppressions d'emplois et de sites). Douze mois plus tard, après de nombreux mouvements et débrayages, le personnel du premier assureur européen exerce une dernière pression sur la direction. Avec succès.
Les salariés, représentés par le syndicat majoritaire Ver.di, obtiennent de la direction de la nouvelle holding Adag (lire ci-contre) qu'elle revoie sa copie. La suppression de trois sites (Cologne, Dortmund et Francfort) est ajournée. Des implantations symboliques accompagnées de quelques dizaines d'emplois y seront préservées (lire le tableau ci-dessus). Mais, surtout, les représentants des salariés se voient accorder un moratoire de deux ans : la disparition de 5 700 emplois sur 31 000 sera effective non pas fin 2007, mais fin 2009.
Cyniquement, la Bourse a très mal accueilli ce geste de la direction, qu'elle a pénalisée par une chute du titre, les investisseurs exprimant ainsi leur inquiétude au sujet de la productivité du groupe, voire sur l'affaiblissement de ses performances économiques.
Une victoire en demi-teinte
Ce souci n'a pas effleuré les salariés. Au contraire, les 6,5 MdE de bénéfice annoncés pour cette année leur ont fourni le meilleur des arguments contre la direction. Difficile, dans ces conditions, de ne pas faire quelques concessions. Surtout quand elles s'apparentent davantage à un délai de grâce qu'à un véritable recul. Pour la direction d'Allianz, il n'est en effet pas question de revenir sur le plan initial. Michael Diekmann, patron d'Allianz, et Gerhard Rupprecht, patron de l'Adag, maintiennent le cap et leur volonté de supprimer 5 700 postes pour générer une économie de 600 MEsur trois ans. « Le nouveau modèle d'organisation du groupe va être appliqué dans les délais prévus », a rappelé Gerhard Rupprecht à l'issue des négociations avec les salariés. Cette impression de victoire à l'arraché est d'autant plus palpable que le maintien de certains sites - voulu par Ver.di, pour éviter des déménagements - a été obtenu au détriment d'autres sites (lire le tableau ci-dessus). « Cologne est sauvée et Hambourg perd sa compétence en auto. Cela touche durement des personnes qui se sont identifiées à cette branche », explique Jens Schulzki, délégué du personnel à Hambourg.
Gérer l'après-crise
Pour les représentants du personnel, le combat continue. Il s'agit désormais de négocier avec la direction les détails du plan social, la garantie du droit au licenciement et la pérennité des sites, qui n'est, pour certains, garantie que pour six ans, comme en attestent les chiffres dévoilés par la direction. Mais, sur le terrain, la mobilisation des salariés s'essouffle. Il sera désormais difficile au syndicat de remotiver les troupes. S'ils ne s'en réjouissent pas totalement, la plupart des salariés s'accommodent des résultats obtenus. À Hambourg, c'est la déception : « Certains collègues pensent qu'il aurait été préférable de ne pas se battre », note Jens Schulzki. Toutefois, ces deux années à venir seront difficiles à gérer pour la direction d'Allianz. Elle doit composer avec un personnel passablement échaudé d'être resté de longs mois dans l'expectative, ainsi qu'avec des clients et des distributeurs qui pointent les effets de ces turbulences sociales sur le service.
L'international bientôt visé
Cette période de transition qui mènera Allianz au terme de sa mutation en Allemagne sera forcément une épreuve pour Michael Diekmann et Gerhard Rupprecht. Soucieux d'améliorer leur rentabilité sur leur marché national, ils avaient même avancé il y a quelques semaines l'éventualité de coupes plus drastiques encore dans les effectifs. La prochaine étape sera celle de l'international. Michael Diekmann n'a jamais caché sa volonté d'appliquer ce nouveau modèle de gestion et d'organisation initié dans la holding à l'ensemble du groupe, filiales étrangères comprises. Certes, aucune suppression d'emplois n'est, pour l'instant, envisagée au sein de la filiale italienne - ancienne RAS -, totalement intégrée dans le giron d'Allianz. « Il est très difficile d'estimer aujourd'hui l'impact qu'aura la réorganisation du groupe sur les différentes entités étrangères, tant la configuration de nos filiales est très différente d'un pays à l'autre », expose une porte-parole du groupe, citant l'exemple des très jeunes implantations en Europe de l'Est, qui n'ont rien de comparable avec l'Allemagne, où certaines structures surannées datent d'avant-guerre. Le chemin est encore semé d'embûches.
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