« Je me suis absentée de Groupama pour courir la pampa »

Directrice des assurances collectives de Groupama SA et de Gan eurocourtage vie, Élizabeth Gehringer est cadre de direction. Cette jolie quinquagénaire est réputée pour son omniprésence auprès de ses 330 collaborateurs. Mais elle a un vieux rêve d'enfant : découvrir l'Argentine et les espaces infinis de la Patagonie.

Son compte épargne temps lui permet largement de prendre un congé de six mois. Mais lorsqu'on occupe de telles responsabilités et surtout à l'âge où il est de bon ton de s'accrocher à son travail, ce type de projet peut surprendre. « Je suis quinqua et je compte bien travailler jusqu'à l'âge de la retraite », dit-elle, réfutant tout sentiment de lassitude. Mais Élizabeth Gehringer ressent le besoin de faire une pause : « Je ne me voyais pas attendre la retraite pour pouvoir décompresser pendant le restant de ma vie. Je sentais que c'était le moment. Je sortais de l'époque des grandes constructions, avec la création, en 1999, de Gan Eurocourtage vie, puis, en 2001, la mise en place de la direction des assurances collectives de Groupama SA et, en 2003 ma forte implication dans la loi "Fillon" sur les retraites ». Ayant obtenu le feu vert de sa direction - « Six mois, c'est gérable », lui répond Jean Azéma, le DG -, elle prend le temps de transmettre ses dossiers et de préparer son absence. Pour toute consigne, elle dit à ses collaborateurs : « Faites comme si j'étais là ! »

Du 18 octobre 2004 au 18 avril 2005, Élizabeth Gehringer a vraiment l'intention de faire une coupure complète avec son environnement de travail. Rien de tel pour cela que de mettre l'Atlantique et quelques fuseaux horaires entre elle et son bureau, et d'éviter de donner son adresse électronique... Avant de partir, elle reçoit de nombreuses marques de sympathie de la part de ses collaborateurs et de confrères, dont certains pouvaient avoir d'elle l'image d'une professionnelle froide et ambitieuse.

Mariée et mère de deux grands enfants, Élizabeth Gehringer part seule installer son « camp de base » à Buenos Aires. Son mari ne peut pas la suivre, mais la rejoint tout de même à trois reprises. Parce qu'il n'y a pas meilleur moyen pour découvrir un pays que de parler sa langue, elle prend des cours intensifs d'espagnol. Pendant six mois, sa vie est faite de petits et grands bonheurs : des terrasses de café où elle peut prendre le temps de lire les journaux, une vie culturelle et artistique très riche, des voyages en bus à travers le pays... « Pendant six mois, je n'ai pas fait plus d'une chose à la fois. Ce séjour a multiplié par vingt ma capacité d'écoute. »

De retour à Paris, elle se donne quelques semaines pour se réadapter. Elle retrouve son poste, mais son périmètre de responsabilités a un peu évolué, puisqu'elle ne s'occupe plus de Gan eurocourtage vie pour se consacrer entièrement à la direction des assurances collectives de Groupama SA : « L'entreprise a affiné sa stratégie. Il est plus logique que je me concentre sur cette direction. De toute manière, je n'avais pas envie de remettre les pieds dans les mêmes chaussures. » De cette coupure, elle a le sentiment d'être revenue avec une plus grande disponibilité d'esprit et une capacité à aller à l'essentiel d'un dossier. Son souhait le plus cher ? Que les bénéfices de cette expérience durent le plus longtemps possible. Quitte à repartir s'il le faut...