JEAN-PAUL ROUXLe missionnaire de l'assurance

Jean-Paul Roux a longuement hésité avant d'accepter, il y a trois ans, ses nouvelles fonctions chez Best Re, une société de réassurance offshore basée à Tunis. Mais, à 54 ans, et après une carrière d'assureur déjà bien remplie, cet arrière-petit-fils de pieds-noirs y a vu une belle occasion de retourner vers sa terre natale. Sa rencontre avec Farid Benbouzid, DG de Best Re, au cours d'un colloque organisé à Paris sur l'assurance dans les pays en voie de développement, a été décisive. Jean-Paul Roux est fasciné par la « grande modernité de cet homme », directeur il y a trente ans de la première Société d'assurance algérienne (SAA) et originaire comme lui de la région de Constantine.

Installé à Tunis, Jean-Paul Roux multiplie les allers-retours avec l'Algérie. Responsable du contrôle opérationnel des filiales de Best Re, notamment en Algérie et au Sénégal, il définit leur plan de développement, renouvelle les offres de services et veille à la mise à niveau des intermédiaires. Dans cette région, tout est à construire : le taux de pénétration de l'assurance est inférieur à 1 % en Algérie et d'à peine 2 % en Tunisie. Et le budget consacré à l'assurance dépasse à peine 8 euros par an et par habitant. Jean-Paul Roux comprend bien les résistances culturelles et religieuses à l'idée même de l'assurance (« notre vie ne nous appartient pas, elle appartient à Dieu »). Confiant dans les vertus de l'éducation, il préconise l'ouverture d'un centre de documentation sur l'assurance en Algérie. Fort de ses nombreux contacts en France, il contribue à la mise en place d'une dizaine de modules d'enseignement à l'assurance à l'Institut de financement international de développement à Tunis.

Prêt à soulever des montagnes, ce catholique pratiquant, père de deux grands enfants, se sent investi d'une mission : développer la culture de l'assurance dans une région où elle est encore largement ignorée. « Farid Benbouzid m'a choisi, car il a senti une lumière en moi. » Un zeste de mysticisme qui ne saurait faire oublier une expertise acquise de longue date, tant en animation commerciale - il est notamment à l'origine du plan 2000 visant à moderniser les agences du Gan -, qu'en marketing.

Sur les traces de son père qui, après l'indépendance de l'Algérie, redémarre une nouvelle vie dans l'assurance, Jean-Paul Roux s'installe à 25 ans comme agent général dans le sud de la France. Une orientation en forme de défi : « Enfant, j'avais honte de dire que mon père était assureur, tellement ce métier véhiculait une image de baratineur. » Il tient cependant à percer les secrets de ce métier. Et finalement, l'assurance, tout au long de sa carrière - Continent assurances, groupe des Mutuelles alsaciennes, Groupama, Gan, CNP - lui permet de concilier ses valeurs personnelles et ses aspirations professionnelles. S'investissant très tôt dans des actions de prévention, il découvre les dimensions économiques, mais également sociales, éducatives et civiques de cette activité, à laquelle, par ses qualités d'empathie, il veut donner un caractère noble. Un message qu'il entend désormais faire passer de l'autre côté de la Méditerranée.