Un agitateur très posé
LAURE VIEL
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LAURE VIEL
« Je n'aime pas du tout parler de moi », prévient Christian Saout. Il n'en est pas moins ce que les journalistes appellent un « bon client ». Car il a le sens de la formule. Et de celle qui fait mouche. Le monde de la complémentaire santé en sait quelque chose.
Les derniers seront les premiers
Pour avoir, en septembre, parlé d'« entourloupe » à propos des valeurs de la Mutualité - à la suite de l'accord conclu avec le gouvernement l'été dernier et de son impact sur une éventuelle diffusion des données de santé -, le président du Collectif interassociatif sur la santé devra comparaître le 14 mai devant la 17e chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Paris. Un rien roué, il relève que la FNMF l'attaque pour injure publique et pas pour ce qu'il a dit. D'ailleurs, il affirme avoir reçu des témoignages de soutien de plusieurs responsables mutualistes, et pas seulement ceux qui siègent dans les instances du CISS sous une casquette associative. Ambiance, ambiance...
Avec son investissement dans le monde associatif, l'Administration française a perdu une tête bien faite. Quand on l'interroge sur sa formation, il prend un malin plaisir à répondre « rienologue ». En réalité, celui qui tente de se faire passer pour un spécialiste en rien est plus certainement un spécialiste en beaucoup de choses. Ou « un enfant de la méritocratie républicaine » et une « bête à concours » qui se serait écartée des chemins tout tracés. Il est entré dans l'Administration par le concours « le plus simple » pour finir par « le dernier ». Comprendre pour le premier celui de facteur à la Poste et, pour le dernier, celui de la magistrature.
Au début des années quatre-vingt-dix, ce Breton « pur beurre depuis cinq siècles » est nommé conseiller des tribunaux administratifs et des cours administratives d'appel à Clermont-Ferrand. C'est le « contentieux de la terre à vaches », le monde du « ça eut payé, mais ça ne paie plus ». Christian Saout le dit sans la moindre ironie à l'égard des gens de la terre. Il a aimé cette fonction où l'on traite et résout des problèmes divers et variés, mais toujours bien réels. « Aujourd'hui, à côté, c'est le tonneau des Danaïdes. »
Diplomate par nature, trublion par fonction
Le président du Ciss manie aussi l'auto-ironie et ne se confond pas avec sa fonction. Président d'Aides pendant neuf ans et du CISS depuis 2007, il se voit d'abord comme un porte-parole. Mais il ne cache pas sa satisfaction d'avoir contribué à des avancées sur des sujets comme les conventions « Belorgey » puis Aeras. Resté magistrat dans l'âme, il se dit soucieux de faire progresser la justice et regrette la culture française de l'affrontement.
En fait, Christian Saout est un homme tout ce qu'il y a de plus posé. S'il passe parfois pour un trublion ou un agité, c'est parce qu'il sait qu'il est aussi là pour cela. « Si je ne disais que des choses mesurées, les médias ne s'y intéresseraient pas. » Et les médias sont très exigeants : à 17 heures, ils demandent une tranche de vie - un cas de refus d'assurance, par exemple - pour le « 20 heures ». Christian Saout les utilise habilement, mais regrette de ne pouvoir « aller sur le fond ».
Exposé aux critiques, il sait qu'« on n'a pas que des amis quand on occupe des responsabilités ». Tenir de la barre d'un collectif d'associations est beaucoup plus exigeant qu'en diriger une seule comme Aides, et Christian Saout ne cache pas son désir de prendre un jour du recul. L'activiste céderait alors volontiers la place à un autre homme, plus contemplatif : « Je retournerais bien à mes pinceaux et à ma céramique », dit-il.
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