Anaïd Chahinian (groupe Macif) : «Le pilotage ne se fera pas uniquement avec les concepts Solvabilité 2»

Que change Solvabilité 2 dans le pilotage économique de la Macif ?
Nous allons basculer dans un monde caractérisé par un reporting réglementaire quasi continu. Cela va profondément changer le quotidien des équipes comptables et actuarielles, qui seront dorénavant perpétuellement en clôture. Le temps consacré à l’analyse sera forcément restreint au profit de la réalisation des calculs. Pour pouvoir respecter les délais contraignants imposés par Solvabilité 2, nous ne pouvions continuer ni avec les mêmes outils, ni avec les mêmes méthodes. Nous avons donc tout remis à plat, avec comme cible la date du 1er janvier 2016. En réalité, tout va changer : nos outils de consolidations, nos méthodes de calcul, la date d’extraction des données… Nous allons notamment devoir nous baser sur des estimations, alors que jusqu’ici nos indicateurs financiers étaient arrêtés à partir de données réelles. C’est un bouleversement majeur de philosophie. C’est à la fois un changement d’état d’esprit et une révolution dans l’organisation du travail. Cela a également impliqué d’importants travaux sur la gouvernance, car du fait de la nature mutualiste de la Macif, nous devons passer par de nombreuses étapes de validation avant de présenter nos comptes et nos rapports à nos instances dirigeantes.
Comment comptez-vous vous adapter à cette révolution ?
Présenter des chiffres dans lanorme Solvabilité 2 à un conseil d’administration, ce n’est pas du tout la même chose que sous Solvabilité 1. Des séances de formation ont donc été nécessaires, de façon à familiariser les administrateurs Macif avec les nouveaux concepts et indicateurs. Nous avons déjà de bons niveaux d’échange avec les membres des comités d’audit et des risques. Cela étant dit, le pilotage ne se fera pas exclusivement avec les concepts Solvabilité 2. Nous continuerons à utiliser certains indicateurs actuels, car ils se sont avérés robustes mais surtout car le pilotage d’une entreprise d’assurance ne se résume pas à la gestion de son capital. C’est par exemple le cas du ratio combiné ou d’autres indicateurs parfois qualitatifs nous permettant de suivre les différents aspects de nos activités. D’ailleurs, l’Orsa ne fait pas strictement appel à des notions issues de Solvabilité 2, mais repose sur les indicateurs qui auront été définis en interne afin notamment de suivre l’appétit au risque sur l’horizon du business plan. Tout cela n’est pas incompatible, bien au contraire.
Pensez-vous malgré tout que le pilotage économique sera plus efficace dans l’environnement Solvabilité 2 ?
Il n’est ni pertinent ni utile d’inonder les dirigeants avec une quantité ingérable d’informations : cela ne les aidera pas à prendre de meilleures décisions. Pour moi, tout l’enjeu sera précisément de leur fournir le bon reporting décisionnel, avec les informations les plus pertinentes, alors que parallèlement les équipes devront déployer une énergie considérable pour fournir l’intégralité des données exigées afin d’être en conformité avec les nouvelles exigences réglementaires.
Dans ce dossier
- Bienvenue dans l'ère du pilotage de précision (Dossier Solvabilité 2)
- Point de vue : L’enterprise risk-management sous contrainte Solvabilité 2 (Philippe Foulquier, Edhec)
- Blaise Bourgeois (Allianz France) : « Solvabilité 2 renforce le rôle et la responsabilité des dirigeants »
- Christophe Eberlé (Optimind Winter) : «Le défi est d’enrichir le pilotage de l’entreprise»
- Marie Grison (CNP Assurances) : «Déployer la culture Solvabilité 2 au plus près des collaborateurs»
- Quels indicateurs pour formaliser l’appétence au risque ?
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- Michel Louchard (Aviva) : «L’Orsa engrendre une dynamique d’action»
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