Solvabilité 2 déjà en chantier
Un peu plus d’un an après son entrée en vigueur, la directive sur les règles prudentielles aborde son premier chantier de révision sur les exigences de capital.
À peine entrée en vigueur et… déjà révisée. La directive Solvabilité 2, opérationnelle depuis le 1er janvier 2016, s’apprête à s’offrir un premier lifting. En effet, les instances européennes débutent la première phase des travaux préparatoires à la révision du cadre prudentiel applicable à l’assurance. Conformément au calendrier entériné avec Omnibus 2 (1), une première clause de revoyure est, en effet, prévue en 2018 sur le pilier 1 de Solvabilité 2, celui qui détermine les futures exigences de capital basées sur les risques, le SCR (Solvency Capital Required ou capital de solvabilité requis). L’Autorité de supervision européenne des assurances et des pensions professionnelles (EIOPA) a lancé, en décembre, une consultation auprès des parties prenantes du secteur, afin d’identifier les aménagements à opérer dans le calibrage du SCR en formule standard. Le discussion paper (NDLR : le document de travail) de 118 pages se décompose en 21 sections, dont les principales relèvent des risques catastrophe non-vie et santé, du risque de souscription vie, des risques de défaut, de contrepartie, de marge et de marché ou encore des USP (Undertaking Specific Parameters, soit les paramètres spécifiques à l’entité), ces paramètres qui visent à tenir compte des spécificités d’une entreprise d’assurance à l’instar de l’assistance.
La consultation, ouverte jusqu’au 3 mars 2017, doit répondre à un double objectif : d’une part, « assurer un régime de surveillance proportionnel et techniquement cohérent pour les entreprises d’assurance et de réassurance » ; d’autre part, « rechercher des pistes de simplification dans la formule standard du SCR avec une application proportionnelle de ces exigences ».
196 % Le taux de couverture moyen de la marge de Solvabilité 2 des assureurs européens.
Source : EIOPA
Plus de simplicité, moins de complexité
Un discours en phase avec celui des assureurs en France. En octobre dernier, à l’occasion de sa conférence internationale, la Fédération française de l’assurance (FFA) avait, en effet, requis « plus de simplicité, moins de complexité, et plus de proportionnalité » dans le cadre de cette clause de revoyure. Les assureurs réclament notamment depuis plusieurs mois un allégement du traitement prudentiel applicable à certains actifs financiers en vue de faciliter leur rôle d’investisseurs de long terme de l’économie dans le cadre de l’Union des marchés de capitaux (UMC), projet porté par la Commission européenne et qui vise à encourager l’investissement au sein de l’Union européenne.
C’est ainsi qu’en 2015, le secteur a obtenu une réduction de la charge en capital des investissements dans les infrastructures (equity ou sous forme de dette). Des travaux sont en cours pour déterminer si un traitement favorable peut être apporté aux investissements dans les entreprises d’infrastructures. L’EIOPA a rendu, sur ce point, un avis technique positif durant l’été 2016 en excluant toutefois le secteur des télécoms. D’autres pistes sont à l’étude. Selon nos informations, la Commission européenne étudie actuellement les moyens de réviser les exigences de capital des investissements en dette privée et en capital risque (private equtiy), lesquels pèsent 49 %. Ces placements ont le vent en poupe dans un environnement de taux bas.
Le capital de solvabilité requis, q’est-ce que c’est ?
Le capital de solvabilité requis (SCR) est le niveau de capital cible nécessaire pour que la probabilité de faillite de l’organisme d’assurance soit inférieure à 0,5 % à l’horizon d’un an. Dans sa formule standard, l’EIOPA a regroupé le calcul du SCR en 6 grands blocs (modules) rassemblant les familles de risques auxquelles fait face l’assureur : marché, santé, défaut, vie, non-vie, intangible. Tous ne pèsent cependant pas le même poids. Le risque de marché est loin d’être une quantité négligeable dans le calcul du besoin en capital. En vie, il représente près de 75 % du SCR contre environ 50 % en non-vie. Les risques de souscription en vie, non-vie et santé peuvent, quant à eux, peser entre 25 % et 33 % du SCR.
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